La dispersion de la musique arabo-andalouse

Publié le par nouba13

Le rôle des « Rawis » et des « Troteras » mauresques, des « Troubadours » et des « Trouvères » catalans, provençaux etc. et plus tard des chanteurs flamenco, fut considérable pour la transmission de l’art andalous. Par ailleurs, à travers les éléments espagnols et portugais, l’influence de la musique andalouse s’est étendue à toute l’Amérique du Sud, aux Antilles, à l’Amérique centrale et au Mexique.

Un bon ménage s’établit avec les musiques natives. L’impact de cet apport persiste à travers plusieurs formes de « Cancionero », chant de pièces instrumentales et de danses caractéristiques de ces différentes traditions, des premiers chants romans, au développement de la musique profane, religieuse et de plain-chant.

Il fut la source des expressions les plus significatives du lyrisme espagnol, que ce soit dans son cadre métrique, dans sa thématique, que dans son expression mélodique et rythmique. La forme du muwashsah et du zazdal apparaît déjà chez les plus anciens troubadours comme Guillaume de Poitier (ou d’Aquitaine, 1071 – 1127) et on la remarque dans des ballades et des rondeaux (datant du XIIème et surtout du XIIIème siècle) provenant du nord de la France comme, par exemple, le célèbre rondeau « La belle Aëliz » et le « jeu de Robin et Marion » du trouvère picard Adam le Bossu (ou de la Halle, XIIIème siècle).

Nous la trouvons également dans les cansos (ou canzos) des troubadours provençaux ainsi que dans le bar des minnesänger allemands. Parmi les 417 compositions de la collection des cantigas de Santa Maria du roi Alphonse X le savant (1220 – 1284), 335 sont des azdjal. Ceci est valable aussi pour les cantigas de amigo, le cancionero de Palacio et le Chansonnier de l’Arsenal (Saint-Germain-des-Près).

En Italie, l’influence de cette forme poétique apparaît dans les laudes du franciscain Jacopone da Todi (XIIIème siècle) et dans beaucoup de frottola et autres chants italiens du XIVème au XVIème siècle. Par ailleurs, le célèbre Guillaume de Machaut (vers 1300-1377) montre à maintes reprises, notamment dans son poème sur la prise d’Alexandrie, sa parfaite connaissance de la musique arabe et de ses instruments. L’importance de cet apport est évident à l’énumération des instruments qui devinrent d’usage très courant en Europe et dont certains, comme le luth, connurent une célébrité immense.

 Viennent s’ajouter les innombrables formes de chant et de danse qui, par leurs techniques rythmiques et mélodiques, témoignent encore de nos jours de la profondeur et du charme de cet art où chant, danse et accompagnement instrumental sont indissociables.

 

(Source de l’information : « La musique arabo-andalouse, l’empreinte du Maghreb », p.198-200 – Mahmoud Guettat – Editions Fleurs Sociales – 2001)

Lire également un article de Mahmoud Guettat sur Ziryab, le "merle noir".

Voir aussi d'autres informations ici.

Publié dans Histoire

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